Le nouveau congrès de Reims


Aujourd’hui, je vais revenir sur un discours que j’ai entendu avant-hier, à l’occasion d’un congrès à Reims. Au cours d’une discussion mouvementée, un confrère m’a sorti une énormité qui m’a particulièrement marqué : il a osé remettre en cause l’idée selon laquelle l’Europe a besoin de croissance économique. « Nous avons déjà plus qu’il ne faut » semblait être son raisonnement phare. Une idée d’autant plus atterrante que ce n’est pas la première fois que je l’entends. Les pays prospères ont apparemment un peu de mal à légitimer leur besoin de croître. L’obstination de l’Europe à conserver son expansion économique est même considérée par certains comme une cupidité. Une erreur pourtant immense, car les pays riches ont tout autant qu’avant besoin de croissance pour que leur société continue à progresser. Le choix du progrès social n’est pas moins essentiel pour un pays riche que pour un pays en développement. Il faut comprendre que sans croissance, la redistribution de la prospérité reste la même. La croissance de l’un est alors obligatoirement opérée au détriment de la richesse de l’autre. Le combat contre la pauvreté suscite par exemple une réduction des dépenses dans la recherche ; l’expansion de la protection sociale doit être financée par une diminution du budget alloué à la culture ; un nouvel aéroport détermine une majoration des impôts… Bref, sans croissance, nous éprouvons le caractère temporaire de notre prospérité. Une société privée de croissance est une société où des citoyens individuels, des bâtisseurs et des groupes de population se partagent des richesses en quantité limitée. Alors que lorsque la richesse d’un pays croît, elle est plus facile à partager. Comme on peut s’en douter, la classe moyenne sera davantage disposée à partager ses richesses si elle est assurée de continuer à progresser elle-même. Dans le cas contraire, une société stagnante sera non seulement plus fermée, mais sera vite tentée de refuser la redistribution et se détournera finalement de l’idéal démocratique. A l’inverse, les sociétés à l’économie florissante sont plus libérales et tendent davantage vers la démocratie et la justice. Si ce congrès à Reims m’a appris une chose, c’est que la plupart des français participant à ce débat n’avait pas conscience de ce besoin de croissance. Et ça, à mon sens, c’est assez consternant pour l’avenir. Plus d’information sur ce séminaire entreprise en Champagne en allant sur le site de l’organisateur.


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