La groupophobie


Groupophobie. Sous ce nom improbable se cache en fait un mal particulièrement pénible. Un mal qui, je crois, se développe dans l’enfance. Je me souviens d’un bouquin que j’avais lu peu avant de devenir papa : « Tout se joue avant six ans ». Eh bien, je crois que c’est tout à fait vrai. J’en ai la preuve récemment, en faisant avec ma chère et tendre un voyage de groupe à Cape Town. En ce qui me concerne, j’ai été comblé, mais ma femme a quant à elle tout simplement détesté. C’est limite un mini-traumatisme qu’elle a vécu. Vous pensez que c’est l’organisation qui était mal faite ? Eh bien, pas du tout. Car ma petite femme, voyez-vous, souffre de groupophobie : elle a la phobie du groupe. Pas au point de faire une attaque de panique, attention : mais assez pour qu’elle vive mal tout ce qui se fait en groupe. Ce qui est assez ballot dans un voyage de groupe, n’est-ce pas ? Après notre retour, elle m’a en fait expliqué que même quand elle partait en vacances avec ses copines, quand elle était jeune, elle devait s’isoler régulièrement tellement elle le vivait mal. Du coup, on a pas mal discuté pour savoir d’où venait cette phobie. Et elle m’a expliqué qu’au milieu du groupe, elle se sentait comme écrasée. Pour moi, sa phobie du groupe vient de sa peur de perdre le contrôle. Elle ne peut supporter le fait de devoir se plier à une contrainte extérieure. Je pense que cette phobie est liée à ses premières années de vie. Elle m’a un jour expliqué qu’elle a eu des parents qui vivaient repliés sur eux-mêmes. Et du coup, elle perçoit le groupe comme une sorte de menace. En ce qui me concerne, je me sens très à l’aise en société, mais je conçois que vivre en groupe soit un effort pour certains. Ce qui est sûr, c’est que la prochaine fois, on ne partira qu’à deux ! Ce qui est dommage, car j’ai bien aimé le fait de faire connaissance avec d’autres personnes. Et puisque j’y pense, je vous mets en lien le site de l’organisateur par lequel nous sommes passés pour notre voyage de groupe. J’ai beaucoup apprécié leur professionnalisme. Retrouvez plus d’informations sur l’organisateur de ce voyage groupe à Cape Town.



Pas de pitié pour les anglais


Nous avons maintenant un leadership fort et stable, comme promis durant la campagne des législatives en Grande-Bretagne par les conservateurs. Mais c’est en France, pas en Grande-Bretagne. La premier ministre Theresa May va se présenter à la table des négociations du Brexit gravement affaiblie par le résultat des législatives au Royaume-Uni. Emmanuel Macron, lui, se prépare à émerger des législatives françaises avec une écrasante majorité parlementaire, celle dont Mme May rêvait. Avant. Les deux chefs d’État ont dîné ensemble mardi 14 juin. En Grande-Bretagne, le camp des Remain [Rester dans l’Europe, ndt] espère avec ferveur que la combinaison d’une Theresa May en situation de faiblesse et d’un Emmanuel Macron fort libérera le Royaume-Uni des chaînes d’un Brexit “dur”. Mais c’est peu probable. Le président français a peu de raisons d’aider le Royaume-Uni à s’extraire du bourbier dans lequel il se trouve, même si cela était possible. De plus en plus, le Brexit apparaît en effet comme une chance historique pour le président Macron, et non comme une source de regrets. “De plus en plus, le Brexit apparaît en effet comme une chance historique pour le président Macron, et non comme une source de regrets” Le programme de M. Macron pour revitaliser la France porte en son cœur l’Europe. Au soir de sa victoire à la présidentielle, il s’est présenté sur la scène au son de l’hymne européen, ‘L’Ode à la joie’. Mais sa vision d’une France revitalisée, à l’intérieur d’une Union européenne revigorée, a plus de chance de se concrétiser si les procédures du Brexit ne s’interrompent pas. M. Macron représente un courant de la politique française qui croit passionnément à “plus d’Europe”. Il veut une intégration européenne beaucoup plus importante de la Défense et de la finance, et a même proposé l’idée d’un ministre des Finances de la zone euro. Traditionnellement, la Grande-Bretagne a fait frein au fédéralisme européen. Une Union européenne sans la Grande-Bretagne sera bien plus ouverte aux idées françaises sur l’intégration économique, la protection des marchés européens et la création d’une armée à l’identité européenne. Mais la fenêtre d’opportunité pour porter en avant l’agenda fédéraliste pourrait être relativement étroite. C’est une raison d’autant plus forte pour que le M. Macron ne permette pas au processus du Brexit de se diluer sur de longues années. “Une Union européenne sans la Grande-Bretagne sera bien plus ouverte aux idées françaises sur l’intégration économique, la protection des marchés européens et la création d’une armée à l’identité européenne” Un Brexit qui ferait spectaculairement souffrir la Grande-Bretagne sert également un objectif crucial pour M. Macron en France. Marine Le Pen, sa rivale durant le second tour de la présidentielle française, a salué le Brexit et l’avait donné en exemple pour la France. M. Macron a besoin de prouver aux électeurs français que quitter l’Union européenne ne provoque que des souffrances. S’il parvient à reconstruire le couple franco-allemand au cœur de l’Europe, il serait en mesure de rendre sa popularité au projet européen en France. Le moteur franco-allemand, qui a historiquement propulsé la construction européenne, a plus de chances de redémarrer si la Grande-Bretagne sort de l’Europe. Les Allemands seront beaucoup plus sensibles aux arguments des Français dans le contexte du Brexit et d’une présidence Trump aux États-Unis. La chancelière allemande Angela Merkel a récemment déclaré dans un discours que le Royaume-Uni et les États-Unis n’étaient plus des partenaires fiables, avant de louer une coopération franco-allemande. 94 % des Allemands, selon un récent sondage d’opinion, font confiance à la France, contre 60 % à la Grande-Bretagne, et seulement 21 % aux États-Unis. L’élargissement de l’Union européenne pour inclure les pays de l’ex-bloc soviétique avait été vigoureusement soutenu par la Grande-Bretagne, ce qui a dilué l’influence traditionnelle de la France dans l’Union européenne. Mais la Pologne et la Hongrie se sont depuis auto-marginalisées en adoptant des politiques toujours plus anti-libérales et anti-démocratiques chez elles. M. Macron a mené la charge pour que l’Union européenne adopte une ligne très dure contre les Polonais, qui va jusqu’aux sanctions. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne est sortie de l’Europe, les grands pays d’Europe de l’Est sont marginalisés : l’UE pourrait recommencer à ressembler un peu plus à “l’Europe des Six”, celle que les dirigeants français avaient inventée dans les années 1950 et qui rend toujours certains europhiles français nostalgiques.